2021 Chemins d’Afrique
pauvres des zones rurales. En revanche, l’agriculture devrait être considérée comme une entreprise offrant de nombreuses opportunités d’emploi, de rentabilité et de bénéfices macroéconomiques. Deuxièmement, une réflexion approfondie devrait être menée sur la valeur ajoutée de différentes cultures présentant un potentiel concurrentiel (cultures prioritaires déterminées suite à un travail collaboratif du secteur privé, des gouvernements, des groupes d’agriculteurs et des instituts de recherche). Les analyses empiriques d’industries et de secteurs à fort potentiel d’emploi à différents niveaux de développement montrent que Les industries agro-alimentaires offrent les meilleures opportunités de création d’emplois en Afrique, à tous les niveaux de revenus. Troisièmement, des cadres de financement innovants devraient être mis à la disposition des agro- entrepreneurs et des industriels ayant des projets viables d’agro-industrialisation. Le financement est en effet le catalyseur indispensable à la croissance et à la création d’emplois. Cependant, moins de 3 % des prêts bancaires sont consacrés dans la plus grande partie de l’Afrique à l’agriculture, secteur qui représente encore 17,4 % du PIB et 51 % des emplois. C’est pour le moins étonnant lorsque l’on sait que les banques africaines ont des niveaux de liquidités très élevés, des taux de rentabilité les plus élevés au monde et les meilleurs scores « Z » (indicateurs reflétant la probabilité de défaillance du système bancaire d’un pays). Les défis liés aux médiocres environnements commerciaux et à la faiblesse de la gouvernance doivent cependant être relevés, en particulier dans les pays africains où les réformes politiquement difficiles prennent souvent du temps.
par voie de conséquence, sur la production ou le chômage. De plus, une augmentation soutenue des taux d’intérêt réels induite par la politique monétaire peut affecter non seulement le taux de chômage réel mais également le taux naturel : le chômage exerce une pression sur les salaires même lorsque les négociations ne concernent que les travailleurs salariés et les entreprises. Dans les pays en développement, de nombreux diplômés universitaires sans emploi abandonnent leur recherche d’emploi dans leurs domaines de formation et perdent les compétences acquises au cours de leurs études. En conséquence, un taux de chômage élevé et prolongé entraînera une augmentation du taux de chômage naturel. Si la politique monétaire peut affecter les taux d’intérêt réels pendant une longue période, elle peut également avoir des conséquences sur le taux de chômage naturel à travers l’accumulation de capital. Les taux d’intérêt réels affectent le coût du capital, le coût du capital affecte l’accumulation de capital, le stock de capital affecte la demande de main-d’œuvre et la demande de main-d’œuvre affecte le chômage. L’adoption macroéconomique spécifiquement axé sur la création d’emploi rend les programmes actifs concernant le marché du travail beaucoup plus susceptibles de produire des résultats positifs (par exemple formation, subvention à l’emploi, soutien à l’adéquation entre offres et demandes d’emploi). Dans certains pays, des mesures fiscales bien ciblées peuvent être prises qui permettront d’accroître la production économique et les opportunités d’emploi d’un cadre Exemple : la création directe d’emplois (offre d’emplois temporaires par le biais de travaux publics) aurait un effet stabilisateur dans un climat de tensions sociopolitiques exacerbées. Pour créer des emplois, les gouvernements devraient s’abstenir d’embaucher directement les chômeurs mais plutôt conclure des contrats avec des entreprises privées ou des organisations à but non lucratif. Les groupes vulnérables et les populations des régions et secteurs industriels les plus pauvres devraient être les cibles de ces mesures. Banques de développement, travaux publics et réglementation En plus de fournir un revenu indispensable à la population, généralement des citadins pauvres, les travaux publics d’infrastructure bien ciblés (nouveaux
La stratégie la plus efficace pour contourner les contraintes à la croissance et stimuler la productivité et la création d’emplois repose généralement sur trois piliers :
Une politique macroéconomique prudente visant à assurer la compétitivité extérieure,
Des programmes de travaux publics soigneusement conçus et à forte intensité de main d’œuvre, si la situation en matière de fiscalité et d’endettement les rend possibles, Des zones économiques et des pôles industriels spécialisés, bien ciblés, bien situés et bien équipés qui faciliteront le développement d’industries à fort potentiel concurrentiel. Conçues et gérées avec soin, ces enclaves d’excellence permettront aux entreprises de fonctionner efficacement même dans un environnement non optimal, de connecter des petites et grandes entreprises, nationales et étrangères, et de fournir des plateformes qui développeront les capacités et formeront les compétences.
Politiques macroéconomiques pour soutenir la création d’emplois La stabilitémacroéconomique est l’une des conditions préalables à une croissance soutenue et à la création d’emplois décents, en particulier pour les économies en développement de petite taille, plus exposées aux chocs. Dans ce cadre, le rôle des politiques de la demande est important pour lutter contre le chômage, en particulier dans les pays ayant de bons fondamentaux. La croissance de la production est le plus important déterminant de la croissance de l’emploi. L’utilisation chaque fois que possible de politiques fiscales et monétaires qui soutiendront la reprise économique et le soutien de la croissance peuvent contribuer à réduire les incertitudes. Les entreprises seront alors plus incitées à investir et à recruter dans des économies où il n’y a pas de surcapacité persistante. Dans de nombreux pays africains, peu de place est laissée à une politique monétaire active qui pourrait stimuler la demande globale, en particulier lorsque les taux d’intérêt sont déjà relativement bas. Si la menace d’inflation n’est pas trop forte, les banques centrales peuvent prudemment recourir à des outils de politique monétaire non conventionnels qui créeront un environnement favorable au développement des affaires. La politique monétaire peut également avoir des effets importants et durables sur les taux d’intérêt réels et,
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Vol 1 • N° 2 • Chemins d’Afrique 2021
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