2021 Chemins d’Afrique
Mon message à l’Afrique Chemins d'Afrique s'entretient avec la femme Africaine la plus puissante du monde
Chemins d'Afrique : LeFMI vient deconclureses réunionsdeprintemps. Quel regard portez-vous sur les perspectives de l’Afrique subsaharienne ? Antoinette Sayeh : La pandémie de COVID-19 a provoqué une crise sanitaire et économique sans précédent en Afrique subsaharienne. La contraction de l’activité économique, estimée à 2,0 % en 2020, est la pire que la région ait jamais connue. Heureusement, nous prévoyons une reprise en 2021, avec une croissance estimée à 3,4 %. Ce changement d’orientation est le bienvenu, mais l’incertitude est forte, d’autant que la région est confrontée à de nouvelles vagues d’infection et que la croissance est très inférieure aux vigoureuses reprises attendues dans d’autres régions. Que faire ? Voyez-vous des opportunités prometteuses ? la consommation subsaharienne pourrait aussi être le moteur de la demande mondiale de biens et de services. La pandémie est encore là — plus il faut de temps pour qu’une forte proportion de la population soit vaccinée, plus grand est le risque que de nouveaux variants apparaissent et que la pandémie se prolonge partout dans le monde. C’est pourquoi notre première priorité doit être l’accès équitable et économique aux vaccins. Nous devons donc accélérer la production, la distribution et l’administration des doses vaccinales. Il sera indispensable de renforcer la coopération
à l’échelle mondiale. Le monde doit se doter d’un mécanisme équitable permettant de redistribuer les vaccins des pays qui en ont trop aux pays qui en manquent ; il faut de plus assurer le financement complet du mécanisme COVAX pour augmenter le rythme des campagnes de vaccination dans les pays les plus pauvres. Le FMI estime que mettre fin plus rapidement à la crise sanitaire pourrait générer une augmentation des recettes fiscales de plus de 1 000 milliards de dollars à l’horizon 2025. Parallèlement, les dirigeants de la région doivent poursuivre les efforts pour protéger les moyens de subsistance. En fonction de la marge de manœuvre dont ils disposent, les pays doivent continuer à fournir des aides budgétaires et du soutien monétaire adaptés. Lorsque la crise sanitaire s’atténuera, les pays auront besoin de rétablir la stabilité macroéconomique et de dynamiser la croissance à plus long terme. En termes d’opportunités, je pense que la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a du potentiel. La région a encore du chemin à parcourir pour mieux s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales. Comme nous l’avons vu ailleurs dans le monde, avec le bon dosage de politiques publiques, la ZLECAf aidera la région à augmenter ses niveaux d’activité et sa croissance au fil du temps. Mais la grande opportunité ici, c’est le dividende démographique de la région. L’Afrique subsaharienne concentre en effet la plupart des pays les plus jeunes du monde, 75 % de sa population ayant moins de 35 ans. En 2030, près d’une personne sur deux entrant dans la population active sera originaire de la région. Avec une population de plus en plus urbanisée, la consommation subsaharienne pourrait aussi être le moteur de la demande mondiale de biens et de services. Êtes-vous optimiste pour la région — en dépit des gros titres que le continent suscite tout autour du monde ?
Antoinette Sayeh Directrice Générale Adjointe du Fonds monétaire international. Ancienne ministre des Finances du Liberia. @IMFNews
Absolument. Il suffit de regarder les progrès accomplis au cours des années qui ont précédé la
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Vol 1 • N° 2 • Chemins d’Afrique 2021
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