2021 Chemins d’Afrique
apportées aux programmes d’enseignement dans les établissements universitaires par des programmes de développement des compétences et des capacités mieux ciblés afin de répondre directement à la demande de main-d’œuvre du marché. Pour mener à bien ce programme plus vaste et plus concret, les pays africains doivent créer des zones de développement des compétences. Dans ces zones, les gouvernements, le secteur privé, les établissements universitaires et les organisations non gouvernementales doivent collaborer à la conception et à la mise en œuvre de plans de développement de la main-d’œuvre à moyen et à long terme destinée à certains secteurs à fort potentiel concurrentiel (principalement l’agro-industrie, la fabrication légère et le tourisme). Il s’agit de pôles publics-privés où les jeunes, principalement, sont exposés à un large éventail de compétences dans tous les secteurs, connectés à des groupes industriels et préparés à l’esprit d’entreprise. L’objectif principal de ces zones d’amélioration des compétences est le développement et la mise en œuvre de programmes pratiques permettant de rapidement constituer la main-d’œuvre nécessaire dans tous les segments critiques des chaînes de valeur des industries concurrentielles du pays. Leurs stratégies seront adaptées pour renforcer le capital humain dans des groupes spécifiques : • Pour les travailleurs existants, il sera question de remédier aux lacunes dans les domaines techniques nécessitant des compétences spécifiques et de fournir des passerelles vers l’agroalimentaire, la fabrication et les services. • Pour les nouvelles recrues, il sera question d’améliorer l’efficacité du passage de l’école au travail, car seule une formation d’enseignement secondaire est requise pour le travail d’assemblage dans de nombreuses activités de fabrication. Cette stratégie permettra de fournir aux entreprises une main-d’œuvre prête à l’emploi et aidera à attirer de nouvelles recrues. • Pour les femmes, dont la contribution efficace à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement a été démontrée de manière empirique, des tâches spécifiques et un environnement de travail plus flexible et positif doivent être créés pour les attirer en grand nombre dans les industries à haute intensité de main-d’œuvre.
consommateurs de technologies, qu’ils peuvent utiliser pour améliorer leurs compétences, saisir des opportunités et se connecter à une audience mondiale. Des mesures politiques bien ciblées visant à fournir aux groupes défavorisés un accès aux TIC (alphabétisation informatique, investissements en vue de la création d’espaces TIC communaux pour les jeunes et les femmes des zones rurales, etc.) pourraient favoriser l’émergence de nouvelles activités économiques et créer des emplois.
Les gouvernements et les entreprises privées collaborant avec les établissements universitaires et les ONG dans les zones d’amélioration des compétences peuvent également lancer et financer des programmes efficaces de formation professionnelle permettant de préparer les jeunes aux demandes d’une économie mondiale exigeant des travailleurs de plus en plus qualifiés. Lorsque ces programmes sont bien ciblés sur les jeunes travailleurs ayant un potentiel d’emploi, leurs effets économiques peuvent être considérables. se retrouvent avec des diplômes coûteux mais sans lien direct avec les emplois. Souvent, ils n’ont pas les compétences académiques les plus pertinentes et celles nécessaires à l’obtention d’un bon emploi. Ceci se traduit par des pertes de productivité, aujourd’hui et demain. Le manque ou l’inadéquation des compétences n’affecte pas seulement les étudiants ou les jeunes. Dans de nombreuses industries en Afrique, les travailleurs ayant déjà un emploi dans le secteur formel ou informel se retrouvent avec des compétences obsolètes. Au sein du petit secteur « moderne » de l’économie, de nombreux travailleurs perdent leur emploi parce que leurs employeurs les trouvent incapables de s’ajuster à de nouvelles demandes d’un monde des affaires en constant changement et en constante modernisation industrielle. Dans ce contexte, les programmes d’enseignement et de développement de la main-d’œuvre doivent être réévalués dans l’ensemble de l’Afrique. Pour assurer une éducation de qualité à la fois inclusive et équitable, pour promouvoir des opportunités d’apprentissage pour chacun tout au long de la vie (objectif de développement durable n°4), et pour prendre en compte l’écart hommes femmes en matière d’éducation, les gouvernements, les entrepreneurs du secteur privé, les bailleurs de fonds et la société civile doivent collaborer à la mise en place de solutions pratiques, en portant une attention toute particulière pour les enfants et les jeunes les plus marginalisés. Les collèges et universités traditionnels sont une passerelle essentielle vers de bons emplois et vers la prospérité, mais ne sont pas la seule. Il faut élargir l’accès et la participation à des programmes d’apprentissage, non seulement parmi les étudiants sortant d’institutions secondaires ou postsecondaires accréditées, mais également à ceux qui ont quitté
Programmes ciblés d’apprentissage et de préparation à l’emploi Dans une économie mondiale soumise aujourd’hui à des changements rapides, il est plus que jamais important de préparer les travailleurs à occuper les emplois formels existants mais aussi à les préparer aux emplois de demain. Pour atteindre ce but, les systèmes d’éducation ainsi que les stratégies et politiques de l’Afrique en matière de développement de la main-d’œuvre ont besoin de réformes. L’Afrique a en effet les taux d’exclusion de l’éducation les plus élevés du monde. Selon l’UNESCO, plus d’un enfant sur cinq âgé de 6 à 11 ans en Afrique subsaharienne ne va pas à l’école (figure 5), ainsi qu’un tiers des jeunes âgés de 12 à 14 ans.
manufacturières légères peuvent émerger, les zones d’amélioration des compétences leur offriront desopportunitésde formationet d’emploi. Les pays africains devraient également utiliser ces centres pour recentrer leur formation professionnelle sur les industries dans lesquelles leurs économies ont un avantage comparatif évident ou latent. Le lancement d’établissements d’enseignement professionnel constitue généralement une étape majeure dans la recherche de travailleurs qualifiés très demandés dans des industries en plein essor. Mais ces établissements de formation professionnelle sont souvent onéreux et dépendent du financement de donateurs, qui n’est pas constant. Une formation peut être dispensée à la fois sur le tas (notamment dans l’agriculture, l’agroalimentaire, la fabrication légère et le tourisme) et dans les centres de formation. Avec la fourniture des connaissances et les compétences liées à l’acquisition de l’expérience professionnelle requise, les stagiaires apprendront à faire face aux demandes en constante évolution du travail et acquerront de précieuses compétences non techniques. L’aide à la recherche d’emploi et les services associés peuvent aider à croiser les emplois et les demandeurs d’emploi. Ils sont généralement peu coûteux et peuvent réduire la durée du chômage. Mais ils ne bénéficient généralement qu’à un petit nombre de demandeurs d’emploi actifs. Promouvoir l’accès au secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) pourrait aider à lever les contraintes liées à l’offre et à la demande sur le marché du travail. Les jeunes sont les plus gros
Selon l’institut de statistiques de l’UNESCO, près de 60% des jeunes entre 15 et 17 ans ne vont pas à l’école. Dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, on estime à 9 000 000 le nombre de filles entre 6 et 11 ans qui n’ont jamais été à l’école, contre 6 000 000 de garçons. « Cette situation désavantageuse commence tôt : 23% des filles ne vont pas à l’école primaire contre 19% des garçons. Quand elles atteignent l’adolescence, le taux d’exclusion pour les filles passe à 36%, contre 32% pour les garçons73 ». Sans une action d’urgence est bien ciblée, cette situation risque d’empirer vu que la région est confrontée à une demande d’éducation en hausse à cause d’une population en âge scolaire qui ne cesse de croître. L’éducation supérieure, qui n’absorbe qu’une minuscule fraction de la cohorte d’élèves terminant l’école primaire (typiquement moins de 5%), est devenue financièrement moins accessible, et ses résultats sont souvent considérés comme de qualité inférieure. De nombreuses écoles d’enseignement supérieur et des universités ne réussissent pas à aider leurs élèves à terminer leurs études avec les compétences nécessaires à l’obtention d’emplois bien payés sur le marché du travail actuel. Trop souvent, les diplômés d’aujourd’hui (parmi les rares qui parviennent à terminer l’enseignement supérieur)
• Pour les nombreux jeunes sans-emploi des zones rurales où l’agriculture moderne et les industries
102
103
Vol 1 • N° 2 • Chemins d’Afrique 2021
Powered by FlippingBook