Chemins d'Afrique VOL 1-No 2-June 2021

2021 Chemins d’Afrique

d’étranglement, de trouver des solutions, de partager régulièrement des informations pour renforcer la confiance entre tous les acteurs et faciliter la résolution des conflits, le cas échéant. • Des programmes de développement des compétences et des capacités conçus de façon conjointe par les gouvernements, le secteur privé, les établissements universitaires et les

organisations de la société civile (y compris les organisations rurales).

• La connection des acteurs de la zone entre eux et l’accès aux marchés mondiaux dans le cadre d’une approche intégrée de la chaîne de valeur, ainsi qu’un système de gouvernance facilitant les accords commerciaux et la résolution de conflits pour des chaînes de valeur performantes.

Zones de développement de capacités et d’expertise De nombreux chauffeurs de taxi à Alger (Algérie) sont titulaires d’un diplôme de second ou même de troisième cycle en sciences humaines et en sciences sociales. À Douala (Cameroun), de nombreux « Bensikineurs » (moto-taxis) sont également titulaires d’un diplôme avancé de l’enseignement supérieur, notamment en mathématiques et en sciences. Ils ont obtenu leurs diplômes de collèges et d’universités du pays pensant qu’il s’agissait de diplômes élevés. Ils ne pensaient pas qu’après avoir passé des années à étudier des matières complexes et à maîtriser des compétences utiles, ils finiraient dans des voitures et motos d’occasion, sillonnant les rues et risquant souvent leur vie dans des activités sans rapport avec leurs connaissances acquises. Ne trouvant pas d’emploi attrayant dans leur domaine d’expertise, ils ont migré dans la conduite de taxis ou de motos, espérant y trouver une source temporaire de revenus. Certains d’entre eux sont diplômés d’établissement publics. D’autres sont passés par des établissements privés où ils ont payé des frais de scolarité élevés, utilisant leurs économies personnelles ou empruntant de l’argent auprès de leurs familles et de leurs amis. Mais après la formation, leurs compétences n’a pas semblé susciter de forte demande sur le marché du travail.

La plupart des pays africains ont en effet consacré des ressources au cours des dernières décennies pour mettre en place une éducation de qualité, considérée comme le pilier du développement national. Malgré leur faible revenu par habitant, les pays africains sont parvenus à maintenir une allocation régulière de ressources pour l’enseignement supérieur depuis le milieu des années 90. En moyenne, le continent a consacré 0,78 % de son PIB à l’enseignement supérieur, contre 0,66 % en moyenne dans les autres pays en développement et 1,21 % pour les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). Les gouvernements africains consacrent également environ 20 % de leurs dépenses destinées à l’éducation à l’enseignement supérieur, soit un taux supérieur à celui des pays en développement non africains (18 %). Pourtant, ils présentent toujours des indicateurs de développement humain faibles et des résultats éducatifs largement insatisfaisants. La qualité de l’éducation est souvent médiocre, les programmes d’études obsolètes et les diplômés ne disposent pas des compétences susceptibles d’attirer les offres d’emploi dans de nombreux secteurs et industries. En raison de l’évolution démographique, la demande de l’enseignement supérieur a augmenté plus rapidement que la capacité de financement des gouvernements africains. Les indicateurs de performance et de coût dans l’enseignement supérieur sont particulièrement préoccupants en Afrique, où la plupart des universités et collèges publics manquent actuellement de personnel, sont sous-financés et en mauvais état. La baisse du financement peut avoir entraîné une détérioration des résultats. Les mesures politiques traditionnelles visant à résoudre ces problèmes et à doter la main-d’œuvre africaine de compétences nécessaires pour répondre à la demande des industries modernes compétitives, où les perspectives d’emploi sur le continent sont satisfaisantes, ont produit des résultats décevants. Il est donc nécessaire de compléter les améliorations

Les incitations politiques concernant les ZES comprennent en général des exemptions sur les droits d’importation et d’exportation, une simplification des contrôlesdouanierset desprocéduresadministratives, un accès facilité aux devises et une baisse des taux d’impôt sur le revenu. Une réglementation du travail spéciale peut être accordée aux entreprises qui opèrent dans des parcs, permettant des pratiques d’embauche et de licenciement plus flexibles et/ou des systèmes de salaires et d’avantages sociaux qui réduiront les coûts de transaction. Les ZES et les PI axés sur l’exportation peuvent être également très efficaces pour stimuler la création d’emplois. Ils ont pour but de « conférer le « statut de libre-échange » aux fabricants exportateurs, en leur permettant de concurrencer sur lesmarchésmondiaux et de contrebalancer le biais anti-exportation des politiques commerciales». Par exemple, plusieurs pays africains, qui ont réussi à établir des zones franches industrielles pour l’exportation, ont pu bénéficier du programme créé aux États-Unis par la loi sur le développement et les opportunités africaines (African Growth and Opportunity Act ou AGOA), Toutefois, créer une ZES n’est pas en soi la panacée pour résoudre le déficit en infrastructures d’un pays en développement. Il existe de nombreux exemples décevants dans les pays en développement. Les décideurs devraient donc examiner avec minutie le schéma directeur et les critères de réussite. La propriété des ZES et des ZFSA et leur exploitation sont généralement assurées par une entité indépendante, souvent dans le cadre d’un partenariat public–privé. Les facteurs-clés de succès incluent :

des entreprises et autres parties prenantes engagées dans des activités de transformation agroalimentaire et activités connexes dans toute la zone de production. • Une excellente gouvernance de la zone, avec un cadre politique et réglementaire approprié et un environnement commercial favorable, soutenus par une règlementation reposant sur des documents officiels décrivant le cadre stratégique de développement national dans lequel s’inscrire. Des guichets uniques efficaces pour les formalités et les services aux entreprises, très attractifs pour les investisseurs. • Un leadership du secteur privé reposant sur la facilitation du gouvernement et la mobilisation des investissements. Cela nécessite une volonté politique forte et une discipline pour éviter les revirements politiques dus aux changements de gouvernement, ainsi qu’une promotion active de l’initiative par de très grands ambassadeurs dans les secteurs public et privé. • Un financement important, patient et inclusif, accessible à tous les acteurs, y compris les petits producteurs et les petites et moyennes entreprises opérant dans la zone. • Des infrastructures, une logistique, des installations et services de qualité, à un coût compétitif, nécessaires aux activités agroindustrielles (l’électricité, l’eau, les installations de réfrigération, les services de laboratoire et de certification, les services aux entreprises, les TIC et le traitement des déchets).

Ces situations peu optimales ne sont pas particulières à l’Algérie ou au Cameroun. Les inadéquations de compétences sont des caractéristiques courantes et coûteuses sur les marchés du travail africains. Pourtant, dans les industries à forte demande de main-d’œuvre qualifiée, les investisseurs soulignent souvent que les pénuries de maind’œuvre qualifiée, le capital humain insuffisant et les lois du travail rigides constituent des obstacles au rendement des entreprises. Dans le même temps, les gouvernements consacrent de plus en plus de leurs maigres ressources au financement des écoles, collèges et universités publics. Les familles utilisent également leurs économies pour soutenir leurs jeunes et s’assurer qu’ils reçoivent une bonne éducation et une bonne formation.

• Un territoire bien défini, à gestion centralisée, aménagé, réparti et dédié à l’accompagnement

• Un système de gestion efficace permettant d’identifier rapidement les goulets

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Vol 1 • N° 2 • Chemins d’Afrique 2021

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