Chemins d’Afrique
2021
Recettes de vie Questions pour Robert Brazza Chemins d'Afrique : V otre parcours personnel initial est remarquable par son apparente banalité : vous arrivez à Paris et vivez la vie difficile de beaucoup de jeunes Africains. Mais ce parcours est unique également, car vous parvenez à trouver le moyen de vous émanciper de la banalité et de vous imposer comme un des visages importants du continent. Comment survit-on au doute, à l’échec, aux échecs ? Comment vaincre l’adversité qui, souvent, est très têtue (pour reprendre une de vos formules) ?
intégrante de son ADN. Samuel a toujours été un joueur instinctif mais il a surtout beaucoup travaillé !
A mon humble niveau, j’ai été toujours intéressé par la discussion, la prise de parole, la culture sous toutes ses formes. Et en particulier pour la musique, le cinéma, les arts vivants. Cela vient directement de mon père et de mon frère aîné Christian. Je ne sais même pas comment vous décrire cette atmosphère familiale où TOUT gravitait autour de la culture. Je crois que je n’ai pas cherché ma voie, c’est plutôt ELLE qui m’a trouvé. Tout m’y ramenait. Qu’il s’agisse d’élaborer des dossiers de communication ou de présentation pour de petites structures associatives, ou plus tard des kit presse pour des cinéastes, des musiciens, comme à mes débuts, j’ai toujours pris plaisir à mettre en commun ce « magma » fait de plusieurs idées, avec des gens de tous horizons. C’est cela qui m’a très rapidement fait réaliser que cet univers de la communication, puis plus tard des médias, était finalement une voie idéale. Le plaisir et l’épanouissement que j’y trouvais et que j’y trouve encore, malgré les difficultés (car elles existent !), m’ont montré que j’avais choisi la bonne voie. Le banc de l’école est une bonne chose car il apporte des outils, des connaissances Beaucoup de jeunes n’ayant pas eu la chance d’avoir une éducation formelle se retrouvent prisonniers de leurs choix et de leurs erreurs. Comment crée-t- on les circonstances qui permettent de s’en sortir même lorsque l’on n’a pas de grands diplômes ? Comment survit-on à ses erreurs et à ses fautes ? Difficile de répondre à cette question car n’importe qui peut, à un moment ou à un autre, se retrouver prisonnier de ses erreurs. Et cela quelques soit son statut ou son éducation. Si on entend par « formelle »
Robert Brazza : Aucun parcours n’est banal car aucun être humain ne l’est. Pour ce qui est du mien, il est le fruit d’un choix. Celui de mon père et de ma mère d’offrir à leur progéniture la possibilité de s’épanouir. Ce fut d’abord la France, où j’arrive alors que je ne suis qu’un écolier, puis d’autres pays où se trouvaient des proches où mes frères et moi allions au gré de leurs affectations. Je pense que cette idée de « s’émanciper de la banalité », comme vous le dites, et que je considère plutôt comme un parcours initiatique où l’on doit saisir des opportunités, vient de là. Cela a forgé en moi un côté aventurier et une résilience naturelle qui continue de me porter aujourd’hui. Beaucoup de jeunes Africains rêvent de devenir Robert Brazza, Alain Mabanckou, Samuel Eto’o ou Richard Bona. Comment trouve-t-on sa voie et sa voix ? Comment sait-on qu’on a choisi le bon chemin vers l’épanouissement personnel et professionnel ? Sacré casting que celui dans lequel vous me mettez ! Je les connais tous même si nous n’avons pas l’occasion de nous voir très souvent. Alain et Richard résident aux Etats-Unis. Samuel est peut-être le plus globe-trotter d’entre nous ! Quant à trouver sa voie, il est clair que chacun de nous a sans doute développé très tôt un goût pour le domaine où il évolue aujourd’hui. Alain a toujours été féru de littérature et passionné d’histoire. Ce goût des livres, du débat, des échanges…c’était pour ainsi dire « écrit ». Richard a de la même manière été « happé » par la musique, sous toutes ses formes. De son berceau de Minta, en passant par les bars de Douala, la musique fait partie
Robert Brazza journaliste. Robert Brazza
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Vol 1 • N° 2 • Chemins d’Afrique 2021
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