Chemins d'Afrique VOL 1-No 2-June 2021

2021 Chemins d’Afrique

participation des négociants, des producteurs et des consommateurs aux discussions sur les règlements ayant une incidence sur le commerce. En ce qui concerne les interdictions d’exportation, le gouvernement pourrait s’engager à appliquer des procédures de notification précises, tant au

niveau national que régional, avant la mise en œuvre des restrictions à l’exportation et préciser que les interdictions ne seront appliquées que si les réserves stratégiques sont inférieures à un certain niveau (par exemple, un approvisionnement de trois mois).

efficace, offre des repères mesurables pour la réforme, et constitue une ressource pour les universitaires, les journalistes, les chercheurs du secteur privé et les autres personnes intéressées par le climat des affaires de chaque économie. » Les pays africains auront besoin de temps pour mener à bien toutes les réformes nécessaires pour que leurs environnements des affaires, la qualité de leurs infrastructures, leurs instances de gouvernance, leurs réglementations et leurs systèmes nationaux de mise en œuvre des politiques publiques soient conformes aux normes de Singapour ou de la Suisse, tout en maintenant la paix sociale. Il faut également du temps pour combler le déficit de capacité et résoudre les problèmes qui rendent l’environnement des affaires peu attrayant. Les économies les plus performantes du classement actuel de Doing Business ne sont pas arrivées à ce stade du jour au lendemain. Pourtant, le temps presse pour les dirigeants politiques des pays en développement. Dans de telles conditions, la stratégie de croissance et de création d’emplois la plus pertinente consiste à consacrer les ressources financières et administratives limitées du pays à la mise en œuvre de réformes dans les zones politiques et géographiques où des résultats rapides visibles peuvent être obtenus. L’obtention de résultats positifs et observables dans la création d’industries à forte intensité de main-d’œuvre ouvrirait également l’espace politique nécessaire à la mise en œuvre progressive de réformes, y compris les plus difficiles à mettre en place. Il convient donc d’identifier les obstacles les plus contraignants qui doivent être levées par l’action gouvernementale ou les changements de politique. C’est indispensable si l’on veut que ces industries potentiellement compétitives soient couronnées de succès. Autrement dit, les décideurs doivent disposer d’un programme de réformes réaliste et gérable, et non pas d’une longue liste de recettes du genre « Comment améliorer l’environnement des affaires » nécessitant de nombreuses réformes politiquement difficiles à mettre en place. Les Zones économiques spéciales (ZES) sont les structures les plus efficaces pour la création d’emplois décents dans les industries potentiellement compétitives (tout en prenant le temps nécessaire et souvent long pour identifier et résoudre les obstacles contraignants présentés dans les rapports Doing Business). Il s’agit, en particulier, des parcs industriels (PI) et d’autres structures connexes telles que les Zones franches spéciales pour l’agroalimentaire (ZFSA). Elles peuvent être utilisées efficacement

pour progressivement résoudre de nombreuses contraintes difficiles dans l’ensemble de l’économie, relatives à la création d’emploi. Parcs industriels et zones franches peuvent être de puissants moteurs de création d’emplois. Les ZES et PI offrent des incitations et des infrastructures bénéficiant de politiques spéciales dans des zones géographiquement circonscrites. Elles offrent cela à des entreprises capables d’attirer des investissements étrangers directs, de créer des emplois, de développer et diversifier les exportations (même lorsque, dans l’ensemble de l’économie, les problèmes liés à l’environnement des affaires et aux barrières de protection ne sont pas encore résolus). Ces entreprises augmentent les recettes en devises et servent de « laboratoires expérimentaux » pour les nouvelles politiques financières, relatives à la tarification ou au travail. Enfin, les ZES et les PI sont susceptibles de générer des rendements croissants (économie d’agglomération), résultant de la localisation des industries. Ces rendements croissants, principalement sous la forme d’économies externes localisées, permettent une production à grande échelle. Ce processus est soutenu par les effets d’agglomération observés au 19e siècle en Angleterre et décritspar l’économisteAlfredMarshall : diffusionde l’information, fournisseurs spécialisés et marchés du travail approfondis (concentration géographique des travailleurs qualifiés ou non qualifiés nécessaires aux différentes industries). En résumé, les parcs industriels et les zones franches d’exportation peuvent générer des avantages directs provenant de la croissance et de la diversification des exportations, de la création d’emplois et de revenus, d’investissements directs étrangers, de recettes en devises et de recettes publiques, ainsi que d’avantages indirects tels que le transfert de technologies, le perfectionnement des compétences et la propagation des connaissances qui pourra se traduire par une augmentation de la productivité pour l’ensemble de l’économie.

Pôles industriels et zones économiques spéciales Après avoir identifié les industries potentiellement compétitives capables d’absorber la main-d’œuvre existante et avoir élaboré des stratégies de partenariat viables entre les secteurs public et privé afin de supprimer les obstacles à leur développement, il faut passer à l’étape suivante. Elle consiste à traiter les problèmes transversaux (tels ceux liés aux infrastructures, à la mauvaise gouvernance, aux lois du travail rigides et à la main-d’œuvre qualifiée coûteuse pour les petits marchés) qui entravent les investissements nationaux et étrangers. Compte tenu des défis politico-économiques liés à la mise enœuvre de réformes du marché du travail pour l’ensemble d’un pays, certaines mesures particulières offrant des avantages potentiels rapides peuvent être mises en œuvre dans des zones géographiques spécifiques.

Quelle est la meilleure façon de réaliser cela ?

Les prescriptions traditionnelles en matière de politique de développement prévoient que les gouvernements mettent en œuvre des réformes pour améliorer le climat des affaires afin que les investisseurs potentiels trouvent les conditions optimales pour créer des emplois dans le secteur formel. Le modèle de ces prescriptions figure dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale, publié chaque année. «En recueillant et en analysant des données quantitatives complètes afin de comparer les environnements de réglementation entre les économies et au fil du temps, le classement Doing Business encourage les économies à soutenir la concurrence en vue d’une réglementation plus

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